samedi 2 décembre 2017

FEMMES JE VOUS AIME


« Femmes je vous aime»


 Anouchka part d'une photo de magazine, une photocopie de photo qu'elle imprime sur papier toilé. Cette photo est collée et intégrée par la couleur à la peinture.


  Anouchka réalise un travail de mémoire profondément émouvant. La photo est le personnage central, le décor peint tourne autour, avec des aplats de couleurs aux tons rompus parfois en forme de fenêtre pour mettre en valeur le personnage.

Les éléments peints complètent la photo, la mettent en valeur, donnent sens, portent témoignage.

 Décor en arabesque, peinture «Art nouveau», sorte de carte postale rétro des années trente, rendue au format d'affiche.



 Hommage à des inconnues collées quelque part dans le tableau. Illustres ou ignorées, arrivées au hasard et pourtant soigneusement choisies.


Épitaphe, hommage, célébration. Femmes je vous aime. Peinture aux couleurs joyeuses ou estompées, fragiles, délavées, elles donnent à l'ensemble de la composition une ambiance pleine de tendresse et d' affectivité.


 Un album de famille, désuet, suranné, toujours des femmes. Une galerie de portraits intimes, une parentèle d'oubliées honorées, comme autant d'aspects de soi-même, autant d'autoportraits, de faces cachées de l'artiste. 


 La mise en scène théâtrale, désuète, profondément nostalgique célèbre des sœurs, des parentes dont la mémoire a retrouvé la trace. Autant d'héroïne que la vie a oublié et que l'artiste tient à honorer, à faire exister comme autant de double, de sœurs jumelles célébrissimes ou ignorées, heureuses, ou sans histoire.



Émotion et nostalgie. L'inconnue devient icône.

Visite dans la Galerie des portraits intimes.




Hommage à Olympe



 Serait-elle la déesse Montagne elle-même, chez les Grecs, celle qui engendra les dieux?

Un regard en arrière, la fleur rouge de l'amour et du sang, comme une épée de feu.


Olympe, portrait de profil, le regard en arrière, à la porte du ciel. Plusieurs rectangles ouverts mettent en valeur le personnage central, comme autant de fenêtres en perspective. De larges aplats à l'acrylique, bleu vert tendre, lumineux, tout en nuances, un jardin de rêve, jardin d'Eden à la tache écarlate en plein centre de la toile, fleur rouge du drame, du sang, de la blessure. L'inconnue devient icône sur l'autel de l'Histoire. 



 Elle est Olympe de Gouge née à Montauban le 7 mai 1748 et morte guillotinée à Paris. Destin tragique d'une femme de Lettres, une femme politique. Elle est l'auteure de «Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne»; «Femme réveille-toi». «Mémoire de Madame de Valmont». Une des pionnières du féminisme français. Une lutte vieille comme le monde, que l'on peut croire à tort être un acquis ou une nouveauté du XXeme siècle.



Retour dans le passé


 Nour, lumière, vit à Paris, elle vient de retrouver la photo en noir et blanc de son arrière grand mère en costume traditionnel de femme tunisienne du début du xxème siècle.. Sa mère étonnée la lui a laissé regarder avec un instant d'hésitation, l'air offusquée. 



 Une photo si précieuse pour Nour, qu'elle vient de l'agrandir pour faire un selfie avec. Entrer en dialogue, en osmose de pensée, faire se rejoindre leurs rêves de femmes libres.

Faire se rapprocher les temps. Elle se sent tellement proche de cette jeune femme en habit de fête avec sa haute coiffure couronne en perle qu'elle a mis des jours entiers à confectionner. Une coiffure qu'elle porte sans doute pour les fêtes, pour les mariages, et qu'elle range soigneusement dans le coffre lors des migrations nomades de la caravane. 





 Nour contemple pensive, les longues dunes de sable passent dans sa tête, les villages fortifiés que l'on atteint après des journées d'un voyage monotone, perchée sur la selle usée de dromadaires récalcitrants.




 Lorsque la tempête se lève, elle s'enveloppe et se protège le visage, mais dès que la caravane s'immobilise, qu'elle traverse de nouveaux ksour ou des marchés ambulants pour s'approvisionner, elle aime se parer de tous les atours, les pierres, les lourds colliers sur un châle de toile en fine dentelle. Quelle élégance raffinée dans le passé.



 Elle serre contre elle la photo si précieuse. Cette ancêtre musulmane non voilée. 



 Elle entend sa mère, avec son air offusqué, outrée, presque en colère lui dire d'un ton de réprobation: «Elle ne connaissait pas la véritable religion!».



Rencontre avec Dounia



 Dounia Bouzar née en 1964 à Grenoble, est une anthropologue française qui fonde en 2014 une association «Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'Islam» dont elle est directrice.



L'âme ancestrale de Dounia rêve.


 Sur ses épaules, passe la caresse du vent des sables avant qu'il ne soit piquant et qu'elle ne soit obligée de rentrer sous la tente. Le prénom Dounia signifie le monde, l'univers. Son univers à elle, l'art du tissage et de la broderie, elle va se marier et avoir des enfants. L'âme-pensée de Dounia est de la nature des dunes libre et mouvante, sans cesse changeante. A travers les siècles, elle s'habille de vêtements de peaux différentes selon les cultures et les traditions humaines, mais elle est libre. Libre comme la chenille est libre de devenir papillon, selon la loi de nature, partie intégrante du grand mystère de la Nature. 


Ailes froissées!....ailes poussent.



Acryliques : Anouchka
Texte : Marie Pierre BAYLE 

Pour voir ces œuvres une date :
 


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